Le Togo se singularise par la fantasmagorie qui caractérise sa gestion. Au fil des ans, la Terre de nos Aïeux devient une curiosité dans la sous-région avec ses avatars. A ce jour, les retards chroniques du pays dans presque tous les domaines ne sont plus à démontrer. Certains pensaient à bon aloi que l’élan et les coups d’éclats dans l’évolution des voisins immédiats allaient toucher l’égo et la conscience de ceux incarnent le pouvoir au Togo. Malheureusement, la situation s’empire au point où les maigres acquis démocratiques se sont rétrécis comme la Peau de Chagrin.
Après avoir perdu près de trois mois dans la cacophonie ambiante, il a plu au régime togolais mardi, 20 août 2024 de former un nouveau gouvernement dit de transition avec presque les mêmes têtes. Certains ont même la particularité de faire désormais 18 ans avec des résultats imaginaires.
Ainsi pour ce petit pays de 56.600 km2 avec une population de 8 millions d’habitants, ce sont 35 ministres en plus du ministère de la Planification, du Développement et de la Coopération ; et du ministère des Armées rattachés à la Présidence de la République puis du ministère des transports terrestres, aériens et ferroviaires rattaché à la Primature. En clair ces cabinets existent dans la nomenclature de l’Exécutif avec l’absence des titulaires. Et dans la réalité tangible, cela fait 38 ministères. Ce n’est pas tout. Il sera créé un Haut-commissariat au tourisme.
Dans tout cela, il y a encore des anormalités ubuesques. Entre nous, à quoi sert le ministre délégué auprès du ministre des Mines et des Ressources énergétiques à côté du Ministre des Mines et des Ressources énergétiques ? A quoi sert le ministre délégué auprès du Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile à côté du Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile ? A quoi sert le ministre délégué auprès du Ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Consommation Locale auprès du Ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Consommation Locale ? A quoi sert le ministre délégué auprès du ministre du Développement à la Base, de l’Inclusion Financière, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes à côté du ministre du Développement à la Base, de l’Inclusion Financière, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes ? La question requiert tout son sens dans la mesure où le ministère délégué prend normalement en compte une partie du portefeuille clairement définie que le préposé exerce sous la délégation du titulaire. Mais dans les cas susmentionnés, c’est tout le portefeuille qui est délégué sans précision aucune. Cela donne l’image de deux ministres pour un seul portefeuille. Un pays qui se respecte dans l’orthodoxie managerielle ne laisse pas voir ces balourdises.
Au-delà, on note des dénominations tirées par les cheveux dans ce gouvernement Tomegah-Dogbe 2 telles réglementation de la transhumance, réforme du service public, accès aux soins et couverture sanitaire , eau et assainissement….Il s’agit en réalité des ministères qui devaient être fusionnés avec d’autres ministères clés qui traitent déjà de ces questions. Bien plus, on a aussi deux ministres sans portefeuille à la Présidence de la République.
Enfin, pour cacher ses incuries, le régime a recours bien souvent à des débauchages sans plis. De Eyadema à son fils Faure Gnassingbé, le débauchage est un axe de leur gouvernance pour divertir et tromper l’opinion internationale. Les cas sont légion.
Dans le cadre du nouveau gouvernement pléthorique et budgétivore, le choix a été porté sur le Maire de la Commune Golfe1 Koamy Gbloèkpo Gomado. Le militant jusqu’à sa nomination de l’Alliance Nationale pour le Changement(ANC) est fait ministre de l’Aménagement et du Développement des Territoires. Un autre poste dont on se demande la pertinence. En somme, une coquille vide aux côtés des départements du désenclavement, de la planification, de l’Administration Territoriale et de l’Urbanisme. Qui a une idée du prédécesseur de Gomado à ce ministère entre temps délégué auprès du ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires chargé du Développement des Territoires? Des Togolais sincères, sérieux et honnêtes peuvent témoigner avoir rarement vu M. Essomanam Edjeba le temps du gouvernement Dogbe1 juste parce que moins essentiel dans l’exécutif.
Face aux multiples pas de clerc qui caractérisent le nouvel exécutif, le débauchage de Gomado a été servi comme appât pour éloigner les nains d’esprit des réalités décapantes.
Les pays qui prennent leur envol dans le train de l’émergence ne s’accommodent pas avec autant d’impertinence.
Honoré ADONTUI
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Excellente analyse, 35 ministres pour le Togo, c'est trop. De plus on ne voit aucun résultat et c'est toujours les mêmes têtes qui reviennent.
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